Le silence n’est plus, ou si peu.
Aujourd’hui, avec la circulation automobile, les pétarades des deux-roues motorisés, les klaxons, les sirènes, les sonneries, les chantiers, la musique dans les lieux publics…, le bruit fait partie de notre environnement quotidien. Même à la campagne les tondeuses, les souffleurs de feuilles, les tracteurs rompent le calme…
L’air et l’eau sont en principe une ressource donnée à tous. Il devrait en aller de même du silence.
Quand les églises sont transformées en habitations, en restaurants, en musées, ce n’est pas seulement une perte pour la religion, c’est autant d’espaces de silence en moins.
C’est dans un aéroport qu’on peut se rendre compte du luxe qu’est devenu le silence : dans le hall, c’est la cacophonie ; seuls les passagers VIP peuvent attendre tranquillement leur vol dans les salons insonorisés qui leur sont réservés.
Le bruit constant auquel nous croyons nous être habitués est mauvais pour le corps : il augmente les taux d’hormones du stress, la pression sanguine, le risque de maladies chroniques. Il est mauvais pour l’âme : il nous déconcentre, nous rend sourds à notre petite voix intérieure. Comme l’écrit le philosophe américain – et réparateur de motos – Matthew B. Crawford, « De même que l’air pur nous permet de respirer, de même le silence nous permet de penser. »
Tish Harrison Warren – International New York Times – 1er octobre 2021