Le système vestibulaire est un petit bijou de précision logé dans le labyrinthe de nos deux oreilles. C’est notre sixième sens. Il joue un rôle crucial dans le maintien de notre équilibre, la stabilité de notre regard, notre orientation dans l’espace et aussi dans notre perception du temps, le rythme de nos sécrétions hormonales, la qualité de notre sommeil, notre densité osseuse. Le système vestibulaire s’allie pour cela à notre système visuel et à un septième sens : la proprioception qui transmet au cerveau les données de position des différentes parties de notre corps.
On ne prend conscience de son existence que dans certaines situations comme le mal de mer. Ou quand on souffre d’une vestibulopathie bilatérale idiopathique (VBI) et qu’on éprouve alors vertiges, perte d’équilibre, instabilité visuelle. D’origine inconnue cette affection rare touche de 1 000 à 4 000 personnes en France.
En apesanteur, les astronautes perdent les fonctions de leur oreille interne liées à la gravité. Sans contact avec le sol, ils perdent aussi les données de proprioception. Après six mois dans l’espace, ils présentent des troubles qui évoquent ceux de la VBI : troubles de l’équilibre et de la marche, sens de l’orientation perturbé, difficulté à stabiliser le regard.
Comment feront les astronautes qui seront être envoyés en mission sur Mars ? En l’absence de mesures de compensation, seront-ils capables de quitter le vaisseau spatial à l’arrivée ? Pourront-ils, sur une planète à la gravité trois fois moins importante que celle de la Terre, récupérer des troubles liés au vol aller ? Et reviendront-ils sur Terre en bonne santé ?
C’est pourquoi l’Agence spatiale américaine s’intéresse de près aux travaux du laboratoire de l’INSERM à Caen qui étudie cette pathologie. Leurs recherches pourront s’enrichir l’une l’autre. Comme le résume Gilles Clément, spécialiste de médecine spatiale, « mon laboratoire, c’est l’Inserm à Caen mais aussi la NASA à Houston. »
Florence Rosier – Le Monde – 16 novembre 2022
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