Les jeunes d’aujourd’hui gagneront moins, possèderont moins, auront moins d’enfants, voire vivront moins longtemps que leurs parents. La pandémie a encore aggravé la situation : les jeunes ont été davantage sensibles à ses effets psychologiques ; le risque de perdre son emploi a frappé surtout les moins de 35 ans, alors que les plus de 50 ans sont plus nombreux à travailler qu’auparavant. Ce phénomène mondial est particulièrement visible en Allemagne et au Japon. On l’observe dans tous les milieux et même au sein des familles. Il est encore accentué par le fait que les plus âgés votent tous et les jeunes beaucoup moins : ils sont politiquement minoritaires et destinés à le rester. 

Les conséquences de cette profonde division se font sentir partout. Elles sont culturelles (des styles de vie et des passions propres à chaque génération) et politiques (aux Etats-Unis 50% des millennials préféreraient vivre dans un pays socialiste). La tension monte, elle se traduit sous des formes diverses et notamment des manifestations de plus en plus violentes.

La réalité de la situation commence à être admise et on recherche des solutions. L’Australie rend le vote obligatoire. Un chercheur de l’université de Cambridge, David Runciman, a proposé de donner le droit de vote aux enfants, dès 6 ans, ce qui permettrait à leurs jeunes parents de peser plus lourd dans les joutes électorales. 

En arrière-plan de ces données, il y a les périls qui pèsent désormais sur le vivre-ensemble des sociétés.  

Alexis Self – Prospect (Londres) – mai 2021

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