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Le constat de l’effondrement de la biodiversité est sans appel : 1 million d’espèces sont menacées d’extinction, 75 % de la surface terrestre est altérée de manière significative et 85 % des zones humides ont disparu. À l’issue de la COP 15 (15e conférence des Parties à la Convention sur la diversité biologique), qui s’est tenue à Montréal sous présidence chinoise, un accord mondial a été adopté le 19 décembre 2022. Il prévoit la protection de 30% des terres et de 30% des mers à échéance de 2030 (contre 17% des terres et 10% des mers aujourd’hui). 

Il s’agit à terme de mettre fin à la perte de la biodiversité et de la restaurer en fixant des objectifs quantifiés, mesurables et dotés d’un cadre de suivi. On tiendra compte de l’évolution des écosystèmes pour adapter les actions et les efforts de préservation. L’accord prévoit notamment des mesures de financement importantes. En effet, de telles actions coûtent très cher et les pays les plus riches en diversité naturelle sont aussi les plus pauvres et les plus endettés. 

C’est ainsi que l’Équateur vient de conclure une opération dite « dette contre nature ». Des créanciers privés de ce pays ont accepté de céder des obligations valant 1,6 milliards de dollars pour seulement 656 millions, avec de plus un taux d’intérêt de 6,95% (en dessous du prix du marché qui dépasse les 10%). Ces nouvelles obligations vont financer un prêt pour aider l’Équateur à disposer des fonds nécessaires à la préservation et à la restauration de sa biodiversité marine. Le pays réalise ainsi une économie de 1 milliard de dollars sur sa dette ; les investisseurs, qui sont aussi sensibles à la dimension vertueuse de leur prêt, échappent au risque de pertes plus importantes. L’Équateur s’est engagé en retour à consacrer plus de 323 millions de dollars pour un plan sur dix-huit ans de protection environnementale des Galápagos et plus spécifiquement de la Réserve marine Hermandad, une zone protégée depuis 2021. En novembre 2021, lors de la COP26 (Conférence des Nations unies sur les changements climatiques) à Glasgow, le président Guillermo Lasso avait en effet annoncé sa décision d’étendre de 50% la surface de la réserve marine de l’archipel, établie en 1998, et qui couvrira 190 000 km², soit près d’un tiers de la France.  

Des accords « dette contre nature » existent depuis les années 1980. Les plus récents ont été consacrés aux réserves marines de Belize, de la Barbade et des Seychelles, mais aucun n’est au niveau de celui qui vient d’être conclu pour les Galápagos. 

Cet accord a valeur de test. Les États pourraient s’en inspirer pour d’autres causes comme la sécurité alimentaire ou la santé.

https://news.un.org/fr/story/2022/12/1130767  
https://www.ecologie.gouv.fr/cop15-biodiversite-aboutit-accord
Catrin Einhorn – International New York Times – 11 mai 2023
Anne Cheyvialle – Le Figaro – 13 mai 2023

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