Cette catastrophe se produit environ tous les dix ans quand se conjuguent chaleur, pluie et récoltes abondantes. Le hameau de Barmedman, situé en Nouvelle-Galles du Sud, à 460 km à l’ouest de Sydney, ne fait pas habituellement la une de l’actualité australienne. Or, depuis des mois, ses 200 habitants subissent une invasion de souris qui, dans des contrées plus proches de la nôtre ne pourrait se comparer qu’à une invasion de sauterelles. 

Elles courent dans les champs, dans les granges, dans les maisons. Les récoltes sont ruinées, les supermarchés doivent jeter les produits alimentaires, les équipements électriques sont endommagés eux aussi, ce qui produit court-circuits et incendies. Les réserves de foin sont dévastées. On peut voir sur les réseaux sociaux locaux des fermes investies par des milliers de souris. Un habitant évalue à 30 000 le nombre de souris qu’il a vues de ses propres yeux. Tous les autres animaux fuient car, un malheur n’arrivant jamais seul, les souris répandent une puanteur insupportable.

Ne profitent de cette situation que les poissons carnivores de la rivière locale, les reptiles et les rapaces, qui se régalent de cette nourriture abondante. Un couple de souris peut produire 500 descendants par saison, en cycles de trois semaines. 

Les moyens de lutte habituels – les chats, les pièges – sont depuis longtemps dépassés. On a essayé de puissants pesticides, qui sont interdits depuis parce qu’ils peuvent aussi tuer les rapaces. C’est pourquoi, en définitive, les malheureux habitants de Barmedman ne peuvent rien faire d’autre que de prendre leur mal en patience. Ils attendent les grands froids et comptent sur eux…

Barbara Barkhausen, correspondante à Sydney – Neue Zürcher Zeitung – 20 juillet 2021

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