Les applis permettant aux parents anxieux de géolocaliser leurs enfants, voire d’écouter leurs conversations se multiplient. 24% des parents français auraient, à un moment ou à un autre, utilisé des logiciels d’espionnage, sans forcément en informer leur progéniture. Mais, comme le rappelle la CNIL, c’est « limiter la capacité de l’enfant à apprendre par lui-même et à mesurer les risques, s’introduire excessivement dans son intimité sociale ou corporelle, affecter le rapport de confiance et de dialogue, associer la protection de sa vie à un sentiment de culpabilité. » 

Côté enfants, il y a longtemps que, dans le monde entier, les tablettes et les smartphones ont conquis les chambres des enfants, dès l’âge de 2 ans ! Ils cliquent des milliards de fois sur des émissions (Cocomelon, Baby Shark Dance, Despacito, etc.) diffusées sur YouTube qui rapportent à leurs producteurs des recettes pharamineuses, bien supérieures à celles du gaming, qui jusque-là faisait la course des recettes en tête. Sans compter la vente florissante des produits dérivés. Les producteurs mettent en œuvre des schémas destinés à fidéliser leur jeune clientèle, les parents leur sont reconnaissants de leur donner la possibilité de vaquer à d’autres occupations. 

Ce phénomène massif est inquiétant. Il comporte cependant des aspects vertueux. C’est ainsi qu’en Suisse 80% des jeunes entre 12 et 19 ans utilisent spontanément des vidéos pédagogiques qui leur seront utiles en classe. Les enseignants eux-mêmes tendent à assortir leurs cours de telles vidéos. Encore faut-il que les consommateurs soient protégés contre les messages discrètement idéologisés que ces émissions portent de moins en moins rarement. Ce contexte favorise aussi la création de cours spécifiques destinés à alerter les jeunes sur la nécessité d’exercer leur propre jugement vis-à-vis de ce flot d’informations.

Gian Andrea Marti – Neue Zürcher Zeitung – 8 février 2023
Nicolas Santolaria – Le Monde – 12 février 2023

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