Le confinement a réduit énormément le champ des possibles pour les jeunes. Déjà pour beaucoup, les processus de socialisation étaient limités à la sphère du privé et aux réseaux sociaux. Ils se sont encore rétrécis. Beaucoup de rites de passage de la jeunesse à l’âge adulte sont confisqués. Il va y avoir une redistribution des cartes très angoissante pour ces enfants qui ne peuvent pas passer le bac, sont en manque de formation et ne peuvent pas faire de vrais projets professionnels. Pour les études supérieures, le même problème se pose. Il y aura à terme une appréhension du monde qui sera différente, sûrement de manière plus durable qu’on ne croit. Comment se projeter dans un monde qui se ferme ?

La jeunesse aura beaucoup de mal à se repérer dans le monde politique. Lorsqu’elle se renseigne en regardant les grandes chaînes d’info, il n’y a aujourd’hui que la propagande gouvernementale. En termes de repères, nous n’avons rien connu d’équivalent. L’autoritarisme s’applique uniformément sur le territoire alors que les cas sont différents.

En regard de ces perspectives inquiétantes, les replis vont se faire vers l’ilot familial, qui va constituer une valeur-refuge. Maintenant, c’est l’État-Nation qui se referme sur lui-même et ferme ses frontières. Au prétexte de la sécurité, il y a lieu d’anticiper un grand repli, peut-être nationaliste. Seules les valeurs écologiques sont peut-être une ouverture.

Le politique consisterait à réintégrer les jeunes dans une unité de destinée collective. Relier tout le monde, aller chercher le plus grand nombre jusqu’aux marges de la jeunesse, des banlieues, etc. et les mettre à l’intérieur. Il faut les ramener non pas en les faisant taire, mais en prenant ce qu’ils ont à apporter. À force d’avoir vidé l’État de sa mission politique, la société et sa jeunesse ne savent plus où ils vont.

Virginie Martin – Atlantico.fr – 4 mai 2020

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