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Le bœuf de Kobé (Japon) doit la qualité inégalable de sa viande savoureuse, fondante et persillée aux soins dispensés par les éleveurs. Les bovins de la race Tajima sont élevés en plein air, nourris au lait jusqu’à 7 à 10 mois, puis d’un mélange d’herbe et de paille de riz qui contribue à la blancheur immaculée de leur gras. Dans une étable rigoureusement propre, les animaux sont massés et brossés tous les jours avec, chez certains, en fond de la musique de Mozart.
L’écrivaine suédoise Astrid Lindgren, autrice de nombreux romans pour enfants dont l’inoubliable Fifi Brindacier, préconisait déjà de faire le bonheur de chaque vache en remplaçant l’insémination artificielle par des speed-datings avec le taureau. Elle pensait aux vaches laitières, sans doute pas aux vaches à viande… En Suède toujours, il a existé des élevages de volaille en batterie avec, pour les poules qui ne peuvent plus gratter le sol, un rebord de cage-lime à ongles. Mais c’était avant la généralisation des poules élevées en plein air pour le plus grand bonheur des amateurs d’œuf coque au petit-déjeuner.
Changement de décor. Avec 1,4 milliards d’habitants, la Chine doit nourrir 18,3% de la populations mondiale, mais ne possède que 8,5% de la surface arable du globe. Le porc est la viande préférée des Chinois. La Chine a beau en être le premier producteur mondial, cela ne suffit pas à ses besoins. Une réponse : des élevages verticaux. À Ezhou, une ferme porcine géante – deux immeubles de 26 étages chacun – abrite 80 000 cochons qui seront bientôt rejoints par des dizaines de milliers d’autres.
Alors que la peste porcine n’a pas totalement disparu, cette structure « intelligente » met l’accent sur la sécurité sanitaire. Pour pénétrer sur le site, la centaine d’employés passe par une phase de désinfection (avec notamment salle de séchage à 65°). Ils travaillent, vivent et dorment sur place et ne sont autorisés à sortir qu’une fois par mois pendant 6 jours. L’alimentation pour les bêtes produites à proximité est acheminée et distribuée automatiquement depuis le dernier étage jusqu’à chacune des auges. Les porcs sont surveillés en permanence sur des écrans. Au premier étage, une piscine stocke l’eau chaude pour baigner les porcs et, en hiver, leur donner à boire chaud et chauffer les bâtiments. Chaque étage fonctionne de manière autonome avec des espaces dédiés pour les truies, les porcelets, l’engraissement des porcs etc. Le site est équipé d’un système de neutralisation des odeurs et d’un systèmeZ de recyclage des eaux usées. Enfin, le lisier est transformé en biogaz pour produire de la vapeur d’eau générant de l’électricité et de l’eau chaude ; il peut également être transformé en boue et alimenter le grand four de la cimenterie voisine.
Les détracteurs évoquent néanmoins le risque d’une flambée épidémique si un virus y pénétrait quand même et soulignent la nécessité de réduire en général la consommation de viande.
À suivre.
Frédéric Schaeffer – Les Echos – 20 novembre 2023
Philippe Gougler – Des trains pas comme les autres – Documentaire TV 2014
Prospective.fr
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