Océans et rivière sont-ils la solution pour nourrir la planète dans les décennies à venir ? Poissons, crustacés, calmars, mollusques, algues : plus de 2500 espèces aquatiques nourrissent déjà un milliard de personnes. C’est ce qu’on appelle la « blue food ». La ressource marine est riche en micronutriments et en acides gras. Ainsi, la truite contient environ dix-neuf fois plus d’acides gras oméga 3 que le poulet, les huitres cinq fois plus de fer, les carpes neuf fois plus de calcium. Mais ces aliments ne représentent encore que 17% de la production actuelle de viande. La demande pourrait doubler d’ici à 2050. 

Les espoirs se tournent vers l’aquaculture qui jouit déjà d’une incroyable diversité avec plus de 600 différentes espèces de poissons, mollusques et crustacés. Aujourd’hui, 85% de cette production vient d’Asie, dont 50% de Chine. Et c’est bon pour la planète : « un hamburger a à peu près la même empreinte carbone que 4 kg de sardines sauvages », déclare un expert. « Si on veut concilier alimentation et empreinte carbone les mollusques et les algues sont presque la meilleure nourriture qui soit. » Ils ne font toutefois pas partie du régime alimentaire du monde entier. Étendre leur culture nécessite de développer des marchés et de trouver des zones de culture adaptées alors que de nombreuses autres activités se disputent déjà l’accès au littoral. 

Nourrir les quelques dix milliards d’êtres humains qui peupleront la planète en 2050 nécessitera d’améliorer la gestion des pêches, de développer l’aquaculture durable, notamment celle à petite échelle, et de créer des réseaux commerciaux plus équitables. La « blue food » ne peut pas être la seule solution pour nourrir le monde de demain, mais elle en fait définitivement partie.

Anne-Laure Frémont – Le Figaro – 21 septembre 2021 

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