Au cours des trente dernières années, les populations d’oiseaux du monde rural ont chuté de 38%, celles des villes de 29%. « Une hécatombe silencieuse dans un ciel de plus en plus aphone », déplore Jean-Noël Rieffel, observateur d’oiseaux, auteur de « Eloge des oiseaux de passage » (Ed des Equateurs). « Qui prend encore le temps d’écouter les oiseaux ? N’entendrons-nous donc plus demain les oiseaux susurrer ? litaniser à l’infini ? tristiller ? chantuser ? piboler ? gringotter ? dideluler ? »

Francis Grembert , autre ornithologiste amateur, renchérit : « Il y a effectivement un paradoxe. L’intérêt que suscite le monde des oiseaux auprès d’un nombre croissant de passionnés s’accompagne d’une indifférence tenace chez une bonne partie de la population. La présence massive d’un certain nombre d’espèces communes sera bientôt de l’ordre du souvenir. C’est un processus lent et pernicieux. Il faut toujours garder à l’esprit l’exemple du pigeon migrateur américain. Au XIXe siècle, ses vols migratoires obscurcissaient le ciel des Etats-Unis. Cette espèce a disparu sous l’effet de l’action humaine. Le dernier s’est éteint en 1914. »

Parmi tous les oiseaux qui disparaissent, Francis Grembert a choisi, dans « Eloge de l’alouette » (Ed. Arléa), de mettre l’accent sur l’alouette des champs parce qu’elle est « symbole de joie ». 

L’appauvrissement de la biodiversité nous prive de cette joie essentielle et de ce refuge que nous procure l’observation de la nature. 

Thierry Clermont – Le Figaro – 6 avril 2023

Lire à ce sujet l’édito : « Le chat, l’alouette et le juge »

 

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