D’ici à 2085, Paris pourrait subir trois fois plus de jours caniculaires qu’en 2010, avec des températures supérieures à 30° et sept fois plus de nuits tropicales à plus de 20°. Déjà, en été 2019, la température maximale a atteint 42,6°. Les climatologues n’excluent pas des pics à 50° dans les prochaines décennies. Avec ses rues imperméables, ses revêtements sombres, son bâti dense et ses embouteillages constants, Paris est particulièrement vulnérable, avec des conséquences néfastes sur les réseaux de transport, d’électricité, de télécommunication, sur l’économie (bâtiment, travaux publics, restauration…) et un danger réel pour la santé des hommes et des animaux.

Quand un problème se pose on crée une commission. C’est ainsi que la mission d’information et d’évaluation (MIE) du Conseil de Paris intitulée « Paris à 50° » a, le 14 avril, rendu ses conclusions au terme de six mois de travaux avec 85 recommandations : privilégier les logements traversants, peindre les toits en blancs ou y installer des plantations, interdire les climatiseurs qui rejettent de l’air chaud au dehors ; végétaliser les rues, les cours d’écoles, installer un peu partout des placettes comme dans le midi où l’on se réfugierait à l’ombre des arbres ; après plus d’un siècle d’interdiction, rendre la Seine à la baignade pour les Jeux olympiques de 2024, transformer en piscine les 2 km de partie souterraine du canal Saint-Martin ; adapter les modes de vie en décalant des chantiers de travaux publics, des festivals, des grands événements sportifs ; faire bénéficier le plus grand nombre de leçons de jardinage à l’image des « cours oasis » en place depuis 2017 dans certaines écoles. 

Préconisations n’est pas solutions. Combien coûteront toutes ces mesures ? Seront-elles efficaces ? Annoncés par la mairie de Paris en 2019 pour lutter contre le réchauffement climatique, les quatre forêts urbaines – sur le parvis de l’Hôtel-de-Ville, derrière l’Opéra Garnier, sur le parvis de la Gare de Lyon et les voies sur berge de la Seine – ainsi que la volonté d’aménagement de l’axe Trocadéro-Ecole militaire font déjà polémique et risquent de ne jamais aboutir. Le projet de plantation d’arbres sur le pont d’Iéna se transformera en alignement d’arbres en pots. L’existence de parkings en sous-sol de l’Hôtel-de-Ville et de la gare de Lyon, rendent impossible la plantation du moindre bosquet en surface. Le seul projet engagé est celui de la place de Catalogne dont la fontaine vient d’être détruite – alors que les fontaines sont elles aussi sources de fraîcheur.

Par ailleurs, tandis qu’elle annonce des mini-forêts urbaines qui ne verront sans doute jamais le jour, la mairie de Paris abat des centaines d’hectares d’arbres parfaitement sains dans ces poumons verts que sont pour la capitale le bois de Vincennes et le bois de Boulogne. 

Emeline Cazi et Audrey Garric – Le Monde – 16 avril 2023
Dominique Dupré-Henry et Tangui Le Dantec – Le Figaro – 21 avril 2023
https://aux-arbres-citoyens.org/

https://www.google.com/search?q=aux+arbres+citoyens&rlz

Lire à ce sujet la  rencontre avec Denis Laming

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