« Pour nous autres, habitants des pays développés, l’eau est moins ce qui tombe du ciel, ce qui coule de source ou à la rivière, que ce qui circule dans les tuyauteries et se commande au robinet.

Cosmos, en son sens premier, signifie bon ordre, convenance, agencement harmonieux (à l’opposé de chaos). En qualifiant l’ensemble de ce qui est de cosmos, les philosophes de la Grèce ancienne exprimaient une conception du tout, qui, composé d’éléments bigarrés, n’en constituait pas moins une harmonie dans la mesure où chaque élément occupait la place qui lui revenait.

Les sciences mathématiques de la nature ont ouvert la voie à la technologie moderne, qui confère un pouvoir d’intervention sur le monde sans commune mesure avec ce qu’il était dans le passé. Ce gain s’accompagne d’une perte : la perte d’une familiarité avec la nature. Le monde est devenu plus confortable, mais il ne nous parle plus. L’eau n’est plus un élément purifiant, mais une commodité. 

Avec l’explosion démographique, la course au développement et le dérèglement climatique, nous savons que l’approvisionnement en eau et sa qualité vont être des questions majeures de ce siècle. »

Olivier Rey, philosophe des sciences et des techniques, auteur de « Réparer l’eau » (Stock) – Propos recueillis par Eugénie Bastié – Le Figaro – 15 novembre 2021

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