Des milliers d’éoliennes supplémentaires vont être installées pour répondre aux objectifs de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE). Ainsi que décidé par le gouvernement dans un décret du 21 avril 2020, la part de l’énergie éolienne doit devenir d’ici à 2028 la deuxième source de production électrique française, derrière le nucléaire, devant l’hydraulique. On compte aujourd’hui 8 000 éoliennes, réparties dans 1 800 parcs sur tout le territoire. Il devrait y en avoir au total d’ici à 2028 entre 12 000 et 13 000.
D’un autre côté, les habitants des zones rurales, les agriculteurs, les éleveurs et de nombreux élus sont vent debout contre la multiplication des éoliennes : destruction des paysages, danger pour les oiseaux, bruit, ondes, corruption, faible efficacité énergétique de chaque éolienne. Des gens dorment mal, souffrent d’acouphènes, sont obsédés par le bruit lancinant. On soupçonne les infrasons. Autre phénomène qui prend de l’ampleur : les malformations et des morts mystérieuses d’animaux. Un cas parmi beaucoup d’autres, celui des pêcheurs de Saint-Brieuc, qui redoutent que leurs efforts pour reconstituer la ressource en coquilles Saint-Jacques, homards, bulots ou seiches, soient réduits à néant.
En arrière-plan, cette question révèle le formidable débat en cours entre les campagnes, faiblement peuplées et dont l’âge moyen des habitants est assez élevé, et les villes qu’habitent des populations jeunes désormais acquises aux thèses écologistes, encadrées par des ONG. Les citadins sont partisans de l’installation d’éoliennes de plus en plus nombreuses, dont ils bénéficient de la production d’électricité, et qui n’encombrent pas leur propre cadre de vie. Ce débat va s’intensifier. Qui prend en compte les rapports de forces médiatiques, politiques et électoraux ne peut qu’anticiper la prise de contrôle du monde rural par les citadins.
Eric de La Chesnais – Le Figaro – 27 mars 2021
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