Le 26 janvier, un avion transportant huit médecins de diverses spécialités (médecine générale, cardiologie, chirurgie thoracique et cardiovasculaire, pneumologie, médecine nucléaire, orthopédie et gynécologie) a décollé de Dijon en direction de Nevers. Ce premier pont aérien de soignants de l’histoire du pays se fera au rythme d’un vol par semaine, plus si le besoin s’en fait sentir.
La densité médicale de la Nièvre est près de deux fois inférieure à celle des Alpes-Maritimes et quatre fois inférieure à celle de Paris. Certes les départs en retraite s’enchaînent, certes le numerus clausus a été mal étalonné, certes les médecins d’aujourd’hui n’ont plus les mêmes aspirations professionnelles que leurs prédécesseurs. Cela n’explique pas pourquoi la Nièvre est plus frappée que les autres départements.
Ce ne sont pas uniquement les médecins qui manquent dans la Nièvre. Il y a un mouvement global de désertification au détriment des gens qui y vivent encore. L’attractivité économique ainsi que les commodités de la vie se sont concentrées dans les métropoles. Les déserts médicaux ne sont qu’un symptôme d’une pathologie plus diffuse que constitue la métropolisation de la société. Le pont aérien n’est qu’un traitement symptomatique : la Nièvre est en soins palliatifs. Ce n’est qu’un pansement sur une jambe de bois.
Paul-Simon Pugliesi, Praticien hospitalier dans un service de réanimation à Châlon-sur-Saône – Libération – 14 février 2023