Extension sans limites des villes, déforestations, mauvaises pratiques agricoles, réchauffement climatique sont dévastateurs pour la faune et la flore. Les espaces sauvages ne représentent plus que 23% de la surface terrestre (hors Antarctique). C’était 85% il y a un siècle. La sixième extinction massive d’espèces subie par notre planète commence ! Et cette fois, nous le savons et nous pouvons au moins essayer de faire quelque chose.

Certains défenseurs de l’environnement rêvent de « rééensauvager » le monde en réintroduisant de grands mammifères disparus ou menacés, comme l’ours ou le bison. Avec leur retour dans la nature, un nouvel écosystème, plus riche et plus résilient, pourrait se reconstituer. Par exemple, des bisons et des élans réintroduits dans le Grand Nord permettraient de lutter contre le dégel des territoires arctiques. En broutant la végétation, ils empêcheraient le sol de monter en température et de libérer le méthane qu’il contient, un puissant gaz à effet de serre.

La première action de rewilding a eu lieu avec succès aux Etats-Unis, dans le parc naturel de Yellowstone. Après la reconstitution à partir de quelques survivants des troupeaux de bisons, qui désormais broutent ce qui doit être brouté, puis la réintroduction en provenance du Canada de loups gris, qui dévorent ceux qui doivent être dévorés.

Ailleurs dans le monde, le réensauvagement est plus délicat faute d’espaces libres de toute occupation humaine. Les Hollandais qui n’ont pas de territoire à repeupler, et pour cause, agissent à l’extérieur de leur pays. Leur ONG Rewilding Europe soutient huit projets pilotes au Portugal, dans le Delta du Danube, les Carpathes du Sud, la Croatie, l’Italie, le Rhodope en Bulgarie, le Delta de l’Oder en Allemagne et Pologne, la Laponie suédoise. Elle participe ainsi à la réintroduction ou à la protection d’espèces aussi diverses que le Bison, le Cheval sauvage, l’Auroch, le Chamois, le Cerf élaphe, le Vautour, le Loup, le Lynx…

Au Portugal, les chevaux et les taureaux sauvages, réintroduits sur d’anciennes terres agricoles recouvertes de jeunes forêts monotones ou de garrigues denses, agissent comme un pare-feu.

Mais on sait la tragédie due au diktat des bons environnementalistes suédois envers les Samis, éleveurs de rennes et à qui on impose de sacrifier la majeure partie de leurs troupeaux… Le conflit est le même que dans les Pyrénées et les Alpes françaises. Les loups et les ours s’attaquent peut-être à des chamois malades, mais certainement aussi à des brebis en bonne santé. Ceux qui en souffrent sont les bergers – au fond bien plus écolos que les citadins idéologues qui ont agi sans les consulter.

Kévin Badeau – Les Echos – 3 décembre 2019

Prospective.fr

https://www.futura-sciences.com/planete/questions-reponses/terre-terre-cinq-plus-grandes-extinctions-massives-11426/

https://www.arte.tv/fr/videos/090024-001-A/yellowstone-nature-extreme-1-2/

https://rewildingeurope.com/rewilding-in-action/wilder-nature/

Relire à ce sujet l’édito « L’ours et la démocratie »

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