Le Tiktaalik vu par l’illustratrice Zina Deretsky
Tout va mal : nous ne voyons pas la fin de la pandémie de Covid, le climat se réchauffe dangereusement, la mer monte, de nombreuses espèces d’animaux et de plantes sont en voie d’extinction, la crise économique sévit, sans parler de la menace nucléaire. A qui le faute ? Au Tiktaalik qui vécut il y a 375 millions d’années et sans qui nos ancêtres n’auraient jamais quitté le sein de l’océan.
Le Tiktaalik était apparemment un poisson avec des écailles, des branchies et des nageoires. Mais il avait aussi un squelette assez robuste pour lui permettre d’avancer « à quatre nageoires » au fond des eaux peu profondes. Ses yeux à fleur de tête lui permettaient de regarder vers le ciel.
Il fut l’animal qui, surgi des eaux, fit la transition entre les poissons et les amphibiens et donc sans doute l’ancêtre de tous les vertébrés terrestres. Des squelettes de cet animal disparu furent découvert en 2004 au Canada arctique, dans le lit d’une ancienne rivière, sur le territoire Nunavut. Son nom en inuktitut fut suggéré par les aînés Inuit de ce territoire et signifie « grand poisson des basses eaux ».
Il vivait au Dévonien, dit aussi « âge des poissons », une période où le climat était doux et les eaux très poissonneuses. Il s’aventura dehors, à la recherche de nouvelles aventures. Et c’est ainsi que tout a commencé…
Mais pourquoi blâmer le Tiktaalik. Si les êtres vivants ne s’étaient pas aventurés sur le sol, qui dit qu’un homme à branchies n’aurait pas réussi à créer un enfer sous-marin ?
Sabrina Imbler – International New York Times – 18 mai 2022