Lancé en 2018, le projet « Construire une université Aspie-Friendly » s’inscrit dans la suite du rapport du philosophe – et autiste – Josef Schovanec, publié en 2017, qui appelait notamment à « faciliter l’inclusion professionnelle des personnes autistes », 75 à 95% d’entre elles étant sans emploi. Ce dispositif prévoit de faciliter leur intégration dans un enseignement supérieur qui leur est encore peu ouvert, malgré l’amélioration de leur scolarisation depuis la loi de 2005 sur l’inclusion à l’école des élèves en situation de handicap. 

A ce jour, 25 universités participent au projet pour quelque 500 étudiants autistes. Cependant, on estime que 70 000 Français ont des troubles autistiques.  Au moins la moitié d’entre eux, les « autistes de haut niveau » ou « Asperger », n’ont aucune déficience intellectuelle ni retard de langage, mais éprouvent des difficultés à communiquer avec d’autres personnes. 

Dans les établissements participants, des aménagements pédagogiques sont mis en place afin de prendre en compte ces difficultés. Le programme propose aussi des ateliers d’aide, des espaces d’échanges entre autistes. Il prévoit des formations spécifiques à l’autisme pour les enseignants, les étudiants et les entreprises partenaires. Il s’agit de redonner confiance à ces jeunes en les aidant à apprivoiser certains codes sociaux et en leur apprenant à présenter auprès de potentiels employeurs leur différence comme une chance. 

On sait que pour un salarié en fauteuil roulant, il faut prévoir une rampe d’accès. Mais le handicap des Asperger est invisible et on ne pense pas qu’il leur faut aussi des aménagements : un bureau isolé, un casque antibruit, une flexibilité sur les horaires… 

L’obligation légale d’employer 6% de travailleurs handicapés est un objectif difficilement atteignable. C’est pourquoi les entreprises se tournent vers les autistes dont la différence peut être un atout. Par exemple, contrairement aux neurotypiques dont la perception est globale, ils repèrent d’abord, et avec une grande précision, tous les détails d’une situation. Cette compétence est bienvenue en informatique où ils peuvent trouver en quelques minutes une erreur de code là où d’autres vont passer un temps fou. Mais tous les « aspie » n’ont pas envie de faire de l’informatique. Il convient de les aider à s’orienter vers d’autres métiers s’ils le souhaitent.

Séverin Graveleau – Le Monde – 18 mai 2022
Lire à ce sujet l’article
« Favoriser la neurodiversité en entreprise »
https://www.canal-u.tv/chaines/af/aspie-friendly-la-serie
Josef  Schovanec, « Je suis à l’est, savant et autiste » (2013)
et « Nos intelligences multiples, le bonheur d’être différent » (2019)

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