Saluons la plus récente modernisation de le SNCF. Chacun sait que le système des capteurs pour faire couler l’eau des lavabos ne marche pas. De brillants ingénieurs ont donc mis au point une innovation : la pédale à pied, qui, elle, fonctionne très bien sans électronique. Ce grand pas en avant est un retour aux pratiques anciennes.

Car, comme le souligne l’historien britannique David Edgerton, l’histoire technologique n’est pas linéaire. Le progrès ne se confond pas avec la nouveauté et passe parfois par des régressions. Il fait lentement le tri dans les trouvailles de l’esprit humain.

Chez les peuples premiers, l’adoption de nouveaux outils était le fruit d’un processus délibératif et pouvait être abandonné si l’expérience n’était pas concluante. Certaines civilisations décidèrent de renoncer à l’agriculture ou de la circonscrire à quelques mois de labeur par an pour retrouver leur liberté de chasseurs-cueilleurs. 

Le moteur électrique, inventé dans les premiers temps de l’automobile, retrouvera bientôt sa prédominance après un siècle d’éclipse, de même que l’agriculture régénérative renoue avec des techniques traditionnelles. 

Le dirigeable est envisagé par la start-up française HyLight pour révolutionner la prise de vue aérienne, à la place des drones qui manquent d’autonomie en vol, des hélicoptère polluants et onéreux et les satellites ne permettent pas un degré de précision suffisant. Un autre dirigeable, qui fonctionne à l’hélium non pressurisé, peut, grâce à ses vols stationnaires, charger et décharger 60 tonnes de fret dans des zones isolées. Peut-être le dirigeable représente-t-il l’avenir du transport aérien des personnes : un paquebot qui s’envole gracieusement, transportant sous son ventre des salons, des cabines de rêve.

Gaspard Koenig – Les Echos – 30 novembre 2022

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