Fin novembre, après trois ans de difficiles négociations, le Parc National de Gorongosa au Mozambique a accueilli une vedette : une panthère femelle de 3 an et demi, originaire d’Afrique du Sud.

Elle est arrivée après un voyage de six heures par avion et par camion, dans une caisse. Au dernier moment, les hommes ont déposé la caisse au sol, ont dénoué les liens qui la maintenaient fermée, ont lancé par-dessus une branche d’arbre une corde qu’ils ont tirée pour ouvrir la porte coulissante et se sont précipités à l’abri de leurs véhicules. En effet, les grands félins supportent mal les sédatifs et la panthère était bien éveillée.

Ils pensaient ne l’apercevoir que quelques instants avant qu’elle ne bondisse très loin. Au lieu de quoi elle marcha lentement et gracieusement, tel un top modèle sur son podium, passa devant les hommes qui la regardaient et devant une troupe de babouins, avant de disparaître au loin. Quelques jours plus tard, elle avait joué son rôle de prédateur en tuant deux impalas adultes. La longue guerre civile du Mozambique qui a duré plus de dix-huit ans, de 1976 à 1992, a mené le parc au désastre.

Puis il s’est doucement remis grâce à la mobilisation en sa faveur de scientifiques du monde entier.

Il abrite aujourd’hui autant d’herbivores qu’avant 1976. Quant aux carnivores, ils reviennent aussi : le nombre des lions augmente lentement ; la réintroduction d’une meute de 14 lycaons a été un succès car ils sont aujourd’hui 80.

Il y manquait des panthères, unique prédateur des babouins, omnivores et devenus trop nombreux. Mais on refusait de vendre des panthères aux responsables du parc en raison d’une longue tradition locale de trafic de fourrures et de dents de panthère.

Or en 2018, une caméra surprit la présence d’une panthère mâle qui était entrée « clandestinement » dans le parc, depuis une région voisine. Les responsables du parc ont pensé qu’il lui fallait une compagne pour que le Gorongosa redevienne ce qu’il aurait dû rester : un vaste écosystème où s’équilibrent proies et prédateurs.

Natalie Angier – International New York Times – 20 janvier 2021
https://fr.wikipedia.org/wiki/Parc_national_de_Gorongosa

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