Spontanément, on ne parle pas à un bébé comme à un adulte. 

Une étude publiée le 18 juillet dans Nature Human Behavior montre que le langage bébé est universel. Quarante chercheurs ont analysé 1 615 enregistrements d’adultes s’adressant à un bébé, sur 6 continents, dans 18 langues. Les locuteurs sont issus de milieux très divers, depuis des chasseurs-cueilleurs de Tanzanie jusqu’à des citadins de Beijing. Quelle que soit la langue, quelle que soit la culture, les parents qui s’adressent à leurs bébés le font de la même manière :  la voix est plus haut perché, plus chantante ; les voyelles très articulées et prolongées.

Les chercheurs ont ensuite vérifié auprès de plus de 50 000 volontaires de 187 pays que, lorsqu’on écoute des enregistrements d’adultes s’adressant à des adultes et d’adultes s’adressant à des bébés, on les distingue les uns des autres à l’acoustique seule, même sans comprendre les mots. 

Outre que parler à un bébé établit un lien affectif indispensable à sa survie ; comme la berceuse – également de toutes les cultures et de toutes les langues – la voix chantante l’apaise ; le ton plus aigu attire son attention ; l’articulation exagérée lui montre le lien entre le mouvement des lèvres et les sons ; et c’est ainsi que, petit à petit, il va mémoriser les mots, pour les comprendre, les apprendre, les prononcer. 

Oliver Whang – International New York Times – 26 juillet 2022

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