Comme jadis le gaz, la thalassothermie, c’est-à-dire l’énergie calorifique récupérée dans les profondeurs marines, peut alimenter des bâtiments en chaleur ou en froid, sur les zones littorales, mais aussi le long de certains cours d’eau.

Le système fonctionne de la même façon que les échangeurs thermiques à air : l’eau de mer, captée entre 12 et 25°, vient selon la saison, réchauffer ou refroidir un circuit d’eau douce via une série d’échangeurs thermiques. La boucle d’eau douce est connectée à des pompes à chaleur qui convertissent l’énergie marine en température pour le chauffage, l’eau chaude et la climatisation.

L’investissement est très lourd, c’est pourquoi il faut atteindre une certaine densité d’usagers et négocier des contrats et des délégations de service public sur le long terme.

Monaco est équipé depuis 1960. Le système couvre maintenant 17% des besoins énergétiques de ses habitants, avec 70 installations connectées à près des deux tiers de bâtiments. Rien ne se voit en surface : ni ventilation, ni condensateur, ni évacuation. À la fin du cycle, l’eau est rejetée dans son milieu à une température d’environ 1° de plus qu’à l’origine, qui se dissipe dans un rayon de 5 mètres. La Principauté a ainsi réduit de 60% sa consommation énergétique et réalise une économie globale de 15 000 tonnes équivalent pétrole.

D’autres villes adoptent le thalassothermie : Marseille (où les réseaux en titane résistent à la corrosion due au sel marin), La Grande-Motte, La Seyne-sur-Mer, Biarritz, Cherbourg, Brest, Boulogne-sur-Mer…

Dans les pays chauds, l’eau de mer des profondeurs est naturellement froide. C’est ainsi qu’ont été installés des systèmes de climatisation en Polynésie française et à Hawaii. Et l’hôpital Alfred-Isautier, un des principaux sites du Centre hospitalier universitaire Sud Réunion, à Saint-Pierre, prévoit d’être en grande partie climatisé avec l’eau de mer à l’horizon 2023.

Paul Molga et Bernard Grollier – Les Echos – 17 janvier 2020

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