Entre l’école, les devoirs, les leçons de guitare, de clarinette et de calligraphie, cette petite fille chinoise de 8 ans n’est pas au lit avant 23h-minuit. C’est qu’il faut à tout prix réussir dans un système éducatif centré sur la compétition, les interrogations, les notes. La préparation à l’université commence au jardin d’enfant, avant même l’apprentissage de la lecture et de l’écriture. Le soutien scolaire payant dans des instituts privés fait partie de la journée des gosses de tous les milieux. L’invitation faite récemment aux parents par l’Etat à mettre en route un troisième enfant est pour le moment le cadet de leurs soucis, alors qu’ils subissent par ailleurs la hausse des loyers, le coût de la santé et la responsabilité de s’occuper seuls des grands-parents vieillissants. 

Pour alléger la pression imposée aux écoliers, le gouvernement a annoncé l’interdiction des devoirs à la maison, la réduction des heures d’enseignement en ligne, la facilitation de l’accès aux universités. Peine perdue. Les Chinois sont des mamans et des papas poules qui ne peuvent s’empêcher de se mêler de près au travail scolaire de leurs petits chéris.

Nouvel essai : l’Etat prétend obliger les instituts privés de soutien scolaire à devenir des organisations sans but lucratif. Ces dernières devraient donc disparaître. Mais alors, les plus pauvres n’auront plus accès à ces cours après l’école et les plus riches pourront toujours s’offrir des cours particuliers à domicile. 

Comme souvent, quand on édicte des lois sans trop réfléchir aux conséquences, le résultat risque d’être l’inverse de celui escompté.

Alexandre Stevenson et Cao Li – International New York Times – 7 août 2021
Lire à ce sujet: « A la fac avec maman » de décembre 2018

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