Il était de règle chez les jeunes diplômés italiens de « chercher fortune » auprès de grands employeurs, ailleurs, dans les grandes métropoles d’Europe ou d’Amérique du Nord. La Confindustria, l’organisation patronale italienne, évaluait à 14 milliards d’euros par an le coût pour l’économie nationale de cette fuite des cerveaux.
La pandémie a inversé le courant : il est question d’un « contre-exode du brain drain ». Certains se sont mis d’accord avec leurs employeurs étrangers pour continuent à travailler par zoom de chez eux ou de chez leurs parents.
Ce phénomène est très bien accueilli en Italie, car ces jeunes sont porteurs de compétences dont l’absence entravait jusqu’ici le développement. Atout supplémentaire, leurs familles ne résident pas seulement dans les grandes villes mais aussi dans les zones moins développées du sud, de Sicile ou de Sardaigne. Par exemple, les besoins des jeunes professionnels sont en train d’imposer l’amélioration des réseaux Internet là où il n’y avait pas de vraie raison jusque-là de le faire. Autre avantage : ils amènent avec eux le genre de vie des grands centres technologiques, interpellent les bureaucraties locales, relient de nouveaux territoires à la vie économique et réveillent beaucoup de régions assoupies, qui du coup peuvent espérer devenir plus attractives pour le tourisme quand celui-ci reprendra.
L’Italie espère qu’ils resteront !
Emma Bubola – International New York Times – 9 janvier 2021