Wolbachia pipientis, bactérie découverte en 1924, infecte naturellement 60% des arthropodes et vit en symbiose avec eux. Or, sa présence empêche la transmission des virus responsables de la dengue, de Zika et du chikungunya. 

En 2006, Scott O’Neill, biologiste à l’université Monash (Autralie), réussit à introduire la bactérie dans le moustique Aides aegypti, vecteur de ces virus, et qui n’est pas un hôte naturel de Wolbachia pipientis. À noter que Wolbachia pipientis n’a pas d’effet connu sur l’homme.

À partir de là, il s’agit de créer des escadrons de moustiques et de les relâcher dans des régions où sévit la dengue, l’un des dix pires fléaux de santé publique. 

Des essais sont menés entre 2015 et 2019 depuis le laboratoire d’Ivan Dario Vélez et de son équipe, à l’université d’Antioquia, à Medellin (Colombie). Des moustiques infectés sont relâchés à Medellin et dans sa banlieue Bello. Depuis novembre 2021, nouveaux essais à Cali, à 400 km de là, où l’on transporte dans des bouteilles en PET, les moustiques infectés, dont les larves ont été nourries sur des poches de sang de cheval ou humain et élevés dans des cages en toile.

Résultat : une très forte diminution des contaminations. 

Première méthode : on relâche des moustiques mâles. Ils s’accouplent avec des femelles en liberté, les œufs n’éclosent pas. Avantage : ils ne piquent pas. Inconvénient : il faut recommencer car il est difficile de supprimer tous les moustiques.

Deuxième méthode : on relâche des femelles. Que le « père » soit porteur ou non, elles pondent des œufs viables, porteurs de la bactérie, et qui la transmettront à toute la descendance.   

En pratique, pour un meilleur résultat, on relâche à la fois des mâles et des femelles.

Générer et relâcher des millions de moustiques exige des moyens logistiques importants. En même temps, une nouvelle technique est expérimentée à Cali : les œufs pondus par les femelles infectées et qui sont donc infectés eux-mêmes sont récupérés grâce à des filtres à café, récoltés, puis insérés avec de la poudre de foie séchée dans des capsules solubles, facilement transportables. A destination, ils sont déposés dans des réceptacle emplis d’eau. Les œufs libérés dans l’eau deviennent des larves qui se nourrissent des miettes de foie. 

Les populations locales participent activement à ces campagnes. 

Olivier Dessibourg – Le Monde – 12 janvier 2022
https://fr.wikipedia.org/wiki/Aedes_aegypti
https://fr.wikipedia.org/wiki/Dengue

Print Friendly, PDF & Email